2020 a vraiment été catastrophique. Je ne peux m’empêcher de penser à tous ces parents-commerçants, parents-hôteliers-restaurateurs, aux parents-artistes aussi et à toutes ces familles qui pleurent un proche sans pouvoir s’embrasser.

Nous avons eu peur en 2020. En témoignent ces messages innombrables qui défilent sur les réseaux sociaux, textos et boîtes mail : « On oublie 2020, vive 2021 ! », « Que 2021 nous fasse vite oublier 2020 ! ».

Cela me dérange. Cela me dérange d’oublier. Cela me dérange d’ignorer.

Cela me fait peur que les parents « bâchent » 2020.

Je me sens privilégiée, car j’ai été préservée de tous ces malheurs en 2020 et en même temps, si j’arrive à rester positive, bien droite dans mon axe pendant la tempête, c’est parce que la vie m’a déjà fait passer par là. Bien avant la covid, j’ai traversé les revers de fortune, les deuils en série et j’ai même connu la famille triste qui pouvait s’embrasser, mais qui n’y arrivait pas.

C’est parce que je suis passée par là que je ne veux pas oublier et certainement pas ignorer 2020. Pour moi, il est vital de faire face, de mesurer l’importance de cette année et d’apprendre de l’expérience vécue, car les catastrophes ont aussi leurs vertus.

Elles nous obligent à revenir à l’essentiel

Le confinement a remis le travail à sa juste place, en nous rappelant l’importance de certains métiers ordinaires, parfois sous-estimés comme les caissières, le personnel de soins, les éboueurs, les chauffeurs-livreurs.

Si je trouve particulièrement méprisant et indigne de diviser les populations en sélectionnant les métiers essentiels et non essentiels comme l’ont fait les politiques en cette fin d’année, j’aime retenir le fait que 2020 nous aura remis le travail à sa juste place en nous rappelant son rôle essentiel : une activité pour nous donner les moyens de subvenir à nos besoins et à ceux de nos proches. Rien de plus, rien de moins.

Ainsi, 2020 a remis la famille et le foyer bien au centre.

Elles nous imposent de vivre au présent

Ces dernières années, le développement exponentiel des nouvelles technologies nous a imposé un rythme effréné qui nous a éloigné de notre capacité à ressentir et à vivre le présent.

Ne pas pouvoir nous projeter dans l’avenir pendant un temps nous a obligés à lâcher des prédictions souvent hasardeuses pour nos focaliser sur le présent et sur les faits.

Elles accélèrent les grands changements

Cela fait 20 ans que l’émergence des nouvelles technologies nous impose de changer de paradigmes et les situations de crises à répétition depuis une quinzaine d’années nous montrent bien que toute résistance, toute réticence est contre-productive et vouée à l’échec.

La pandémie aura peut-être accéléré pour certains cette prise de conscience inéluctable.

La pandémie et le confinement nous auront permis aussi de réaliser que les solutions existaient déjà et parfois même depuis plus de 10 ans, mais que nous ne les utilisions pas judicieusement ou pas du tout.

Prenons l’exemple du télétravail et des réunions Zoom qui ont permis de lâcher enfin le management de contrôle pour un management de confiance et de reconnaissance.

Espérons seulement que l’usage de ces outils à l’extrême (covid oblige), nous permette de trouver l’ajustement personnel le plus adapté et le plus mesuré selon les contraintes imposées par notre métier, nos responsabilités et nos besoins. Et ainsi, arriverons nous à réinventer le travail dans un juste métissage entre travail en présentiel et travail à distance.

2020 nous aura également permis de mesurer le retard assommant de l’école et de la formation des enseignants à la culture digitale, sans aucun doute l’un des défis les plus passionnants, selon moi dans les années à venir.

Elles nous offrent des portes de sortie dans l’action, la compassion et la solidarité

Non ! 2021 n’effacera pas 2020. Nous allons certainement connaître une année difficile sur le plan social, économique, financier, sanitaire si nous nous accrochons à nos vieux schémas, nos modèles dépassés, nos croyances limitantes et inadaptées, propres au XXe Siècle.

2021 nous lance un appel à l’action dans la compassion et la solidarité. Nous ne pourrons y répondre qu’en nous écoutant nous-mêmes afin de mieux écouter l’autre.

Et si 2020 était un passage initiatique incontournable pour nous permettre de nous réinventer et de grandir ensemble, ne serait-il pas dommage de l’effacer de notre mémoire ?

Herbert Georges Wells a dit : “La civilisation est une course entre l’éducation et la catastrophe.” … et j’ai comme l’impression que 2021 est un sprint.

Un sprint, que nous ne pourrons gagner qu’en apprenant des épreuves de 2020 au risque de nous conduire à la véritable catastrophe.

À moins que nous soyons capables de nous remettre en question, que nous fassions preuve de compassion et de solidarité et que nous transformions la catastrophe en un véritable bond en avant sans précédent.

Cela dépend de chacun de nous.

C’est pour cela que je nous souhaite de tout cœur de faire des choix qui reflètent nos espoirs et non nos peurs en 2021.